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Billet doux



Une jeune femme aux cheveux noirs qui travaille au Commissariat aux Romans parvient à glisser un bout de papier à Winston. Pensant que cette femme est un agent de la Police de la Pensée, Winston tarde à lire le billet. Est-ce une menace, une convocation, un ordre de suicide ?

D'une haute écriture informe, des mots sont tracés : "Je vous aime."

Winton, abasourdi, jette le papier dans le trou de mémoire. Durant le reste de la matinée, il lui est difficile de travailler.

Un air d'autrefois



"Oranges et citrons, disent les cloches de Saint-Clément.
Tu me dois trois farthings, disent les cloches de Saint-Martin.
Voici une bougie pour aller au lit.
Voici un couperet pour vous couper la tête."

Le magasin d'antiquités



Dans une rue étroite, Winston reconnaît le magasin d'antiquités où il a acheté son journal. Le propriétaire est un homme de soixante-trois ans. L'intérieur étroit du magasin est bourré de choses sans valeur : boulons, cadres, canifs, montres ternies, tabatières, bricoles. Winston est attiré par un objet rond et lisse qui brille doucement à la lumière de la lampe : un corail sous verre.

Winston l'achète pour quatre dollars. L'homme le fait monter à l'étage pour lui montrer une pièce qui ne donne pas sur la rue mais sur une cour pavée de galets et une forêt de cheminées. Ce fut la chambre de sa défunte femme.

Cette pièce va devenir l'oasis de quiétude emblématique de 1984. Pour Winston cette chambre représente un espace de solitude sans Télécran ! Il se décide à la louer pour quelques dollars par semaine.

Conciliabules au bistrot



Dans un bar, Winston entre en contact avec un vieillard. Pourtant la vieille génération fut en partie balayée au cours des grandes épurations de 1950 à 1970. Winston veut le questionner sur le passé. Ils prennent une bière ensemble malgré l'ignorance moqueuse du barman qui ne connaît pas le contenu d'une "pinte" réclamée par le vieil homme.

Winston veut surtout savoir si l'homme avait plus de liberté à son époque. Hélas le vieillard est gâteux et Winston se désintéresse de lui.

Solitude et loterie



Un membre du Parti ne doit jamais être seul sauf quand il est au lit. On tient pour acquis que lorsqu'il ne travaille pas, ne mange pas ou ne dort pas, il doit prendre part à une distraction collective et passer toutes ses soirées au Centre communautaire.

Avoir un penchant pour la solitude est dangereux. En novlangue ce goût est nommé égovie : individualisme et excentricité. Être seul signifie aussi avoir du temps pour réfléchir ! Occuper l'homme pour l'empêcher de penser sur lui-même !

Winston prend un énorme risque en oubliant de se rendre au Centre deux fois en trois semaines. Le parfum de l'air d'avril le tente et il se dirige, au hasard d'une déambulation, dans les quartiers sordides du Nord-Est. Il risque de croiser une Patrouille ou de se faire dénoncer à la Police de la Pensée. Il assiste à un bombardement.

A proximité les prolétaires parlent de la loterie., seul évènement public auquel ils portent une sérieuse attention. C'est un stimulant intellectuel. Ce qu'ils ne savent pas c'est que les gros prix sont fictifs ! Les petites sommes sont versées mais les gagnants des gros tirages n'existent pas.

L'inconscience du prolétariat est la survie du Parti



"S'il y a un espoir, il réside chez les prolétaires" inscrit Winston dans son journal.
La masse travailleuse est une force intérieure qui peut détruire le Parti mais ne possède aucun moyen de se rassembler et donc de se rebeller.

Prendre conscience de leur propre force est la solution ! Et pourtant !
Winston écrit : "Ils ne se révolteront que lorsqu'ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu'après s'être révoltés." L'équation est insoluble !

On leur demande juste un patriotisme primitif, il n'est donc pas nécessaire de les endoctriner avec l'idéologie du Parti. Les prolétaires représentent un État dans l'État ; ils sont donc sous contrôle.

Prostitution et instincts pervers



Être pris avec une prostitué peut signifier cinq ans de travaux forcés mais, tacitement, le Parti encourage la prostitution pour laisser une soupape aux instincts qui ne peuvent être entièrement refoulés.
Le crime impardonnable est le contact sexuel entre membres du Parti. Le but inavoué, mais réel, est d'enlever tout plaisir à l'acte sexuel. L'érotisme est l'ennemi.

La ligue Anti-Sexe des Juniors plaide en faveur du célibat pour les deux sexes avec insémination artificielle pour la procréation. Ceci entre dans l'idéologie du Parti. L'instinct sexuel doit être tué, dénaturé, sali dans l'opinion populaire.